Journal d'une impuissance (29 Avril 2010)

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29 avril 2010

Du pétrole a commencé à souiller les côtes au niveau de l'embouchure du Mississippi. Ce sont des kilomètres de marais côtiers, qui abritent un écosystème riche en oiseaux et en vie marine. Ils ne peuvent être atteints qu’en bateau, et ils ne pourront pas être nettoyés, car il faut plusieurs heures pour atteindre certaines zones et une fois sur place il n’y a aucune terre ferme qui puisse permettre l’établissement d’un camps pour le nettoyage.

Ces marais grouillent de vie, alimentés par les sédiments du Mississipi, on y trouve des poissons, des crustacés, des huîtres en abondance. C’est une étape pour les oiseaux migrateurs. 
Mais on y voit aussi des tortues marines, des alligators, des dauphins ou des baleines. Ainsi que des animaux qui viennent à peine d’être découverts comme ce poisson de mer 

Poisson géant dans les eaux profondes du Golfe du Mexique

Quand ces animaux remonteront à la surface, ils peuvent inhaler ou ingérer le pétrole, ils risquent d’avoir par la suite des complications ou des lésions internes. Sans compter que le dépôt au sol va tuer les larves de poissons et d’autres animaux marins. A cela se rajoute les toxines qui vont se fixer dans les sédiments et tuer les végétaux.

BP ne parlent pas de tout ce cortège d’horreur pour la faune et la flore. Tout comme il semble occulter les drames humains qui ne vont pas manquer de se produire. En effet il est difficile de croire que le pétrole qui est aussi toxique pour la nature puisse n’avoir aucune incidence sur la santé des humains qui vont vivre avec pendant de longues années.

BP qui axe sa communication uniquement sur les coûts financiers engagés estime que les opérations en cours lui coûtent 6 millions de dollars par jour, et que la facture totale de cet accident pourrait s'élever à 1 milliard de dollars. On dirait qu’il ramène systématiquement cette catastrophe à un simple bilan comptable. 

Malgré des conditions météorologiques difficiles, avec des vents violents et des vagues allant jusqu’à 4 mètres de haut. Les opérations pour brûler le pétrole ont commencées. Les bateaux capturent le brut dans un barrage flottant, le compresse, l’éloigne et le brûle. Cette forme schématique de la destruction de plusieurs milliers de gallon est le dernier recours pour stopper la progression vers les côtes.

Drôle de situation qui consiste à lutter contre une pollution par une autre pollution. Mais cela aussi permet de cacher la réalité de la fuite, il est impossible de comptabiliser chaque brûlis. 

Les barrages flottants sont inutiles en cas de très grosse houle, comme c’est le cas en ce 29 avril, le pétrole va poursuivre sa route vers les côtes, aidé en cela par des vents violents et continus qui doivent durer plusieurs jours.

Les volumes sont revus très largement à la hausse, l’agence des océans et les gardes côtes estiment que la fuite est 5 fois plus importante que celle estimée quelques jours plus tôt, ils parlent de 756 000 litres par jour. 
Cette nouvelle évaluation porte la pollution à 1,5 million de litres répandus dans le golfe. On est encore très loin de l’Exxon Valdez, mais ce n’est plus 11 mois qui seront nécessaires pour l’égaler.

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Texte : Rip de la Louiseraie

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