Et si c'etait demain ? (partie 26)

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Takumi avait enfin reconnu l’animal, c’était un gros poisson – il appelait poisson tout ce qui nage dans l’eau – doucement, il s’avança vers sa sœur et la tirant avec insistance par la manche, lui fit signe de la tête et du corps de le rejoindre sur la plage, loin de l’eau.

En deux mots, dans un murmure, il lui fit part de son intention de retourner au village pour chercher un harpon. 

Si l’animal était vivant, ils avaient dans cette caverne une véritable fortune, son père serait fier de lui et sa mère pourrait enfin leur acheter à manger durant de longues années. Car la viande de baleine se vendait très cher au marché local et encore plus sur la grande île.  

La grande sœur acquiesça, et elle allait rester là pour surveiller l’animal. Elle ne savait pas si cette baleine avait des dents, si elle pouvait la manger, sauter sur la plage. En fait elle ignorait tout des baleines. C’était la première fois qu’elle en voyait une. Son rêve se réalisait enfin. Et pendant que son frère courait au village, Natsuko assise au bord de l’eau parlait à la baleine qui était toujours immobile. La petite fille pouvait tout à loisir la contempler. Cet animal semblait si seul et fragile, elle se retenait pour ne pas la rejoindre, tout son être le souhaitait.

Mais l’acte que son frère se préparait à faire, lui donnait un tel sentiment d’impuissance, qu’elle restait là, assise, à quelques mètres, sans force dans les jambes. Sans envie et sans désir tant ce moment devait s’imprégner dans toutes les fibres de son corps autant dans le plaisir de la contempler que dans celui du désespoir de la voir mourir sous ses yeux. 

Elle repensait aux termes du livre « 40 tonnes » « aussi haut qu’un immeuble ». Elle n’imaginait pas que les grands immeubles décrits par le maître d’école étaient si petits. Elle comprenait qu’il avait exagéré sur la description et que lui-même n’en avait jamais vue.

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